Paul Emond dans le texte

en collaboration avec le Magasin d'Ecriture Théâtrale

Petite salle - 12.10 > 14.10.22 - - sans entracte

Paul Emond est romancier et dramaturge.
Depuis son premier texte écrit pour le théâtre et joué en 1986, Les pupilles du tigre, il en a écrit près d’une trentaine d’autres montés pour la plupart à Bruxelles et en Wallonie mais aussi en France, au Québec, et même parfois aux États-Unis, en Angleterre, en Roumanie ou en Bulgarie.

Une écriture à (re)découvrir au cours de lectures de six de ses textes :
12.10 à 18h – Cercles de famille (inédit)
Il y a une veuve qui dit qu’il faut savoir mettre le fil à la patte de son homme et qu’au sien, elle l’avait mis une fois pour toutes.
Il y a leur fille dont, un beau jour, le mari est parti avec une artiste de cirque.
Il y a leur petite-fille qui va se marier mais qui n’est pas vraiment sûre de vouloir se marier.
Il y a une autre veuve dont le mari était l’ami inséparable de celui qui avait le fil à la patte. Cette autre veuve rêve que leur fils se marie pour qu’elle puisse, comme elle dit, refaire sa vie.
Il y a ce fils qui ne demanderait pas mieux de se marier mais qui va d’une déconvenue à l’autre.
Il y a évidemment la présence obsédante des deux disparus.
mise en voix Jean-Claude Berutti
Avec Valérie Bauchau, Camille Freychet, Lazare Gousseau, Anne-Marie Loop, Nicole Valberg


12.10 à 20h15 – Rocor (inédit)
Au départ, deux femmes et deux hommes, passionnés par les autoportraits de Rocor, une peintre dont la cote est au plus haut. Une des femmes est galeriste et voudrait acheter un de ces autoportraits appartenant à l’un des hommes. Du désir amoureux circule entre les quatre, de la jalousie aussi. L’affaire prend une autre tournure quand ce quatuor se retrouve dans une boucherie et que la bouchère se révèle être, ni plus ni moins, la fille de la peintre, laquelle fera à son tour une apparition tonitruante.
Cette histoire quelque peu insensée peut ensuite être rejouée, chaque personnage étant cette fois de l’autre sexe (les prénoms sont épicènes) et le texte restant strictement identique.
mise en voix Olivier Lenel
Avec Eric De Staercke, Marie du Bled, Marie-Paule Kumps, Anne-Marie Loop, Clément Thirion, Miriam Youssef


13.10 à 18h – Créon et Loin d’Antigone (à paraître à l’automne 2022 aux Oiseaux de nuit),
Deux monologues, deux voix contrastées, liées l’une et l’autre aux légendes d’Œdipe et d’Antigone.
Dans Créon, le tyran exemplaire qu’est devenu ce personnage une fois au pouvoir, tente, face aux spectres qui le hantent et alors qu’il attend celui qui va le mettre à mort, de justifier sa conduite et le joug sous lequel il a tenu Thèbes pendant vingt ans.
Loin d’Antigone imagine et met en scène Renatos, frère cadet de Jocaste et de Créon, qui a fui la ville et a trouvé refuge chez un ami musicien. Nullement intéressé par le pouvoir, amoureux des arts et de la beauté, Renatos donne sur les événements dramatiques auxquels il a assisté le point de vue horrifié d’un être qui déteste toute violence.
mise en voix Héloïse Jadoul
Avec Auriol Mothersele


13.10 à 20h15 – Gracchus (Lansman, 2021),
Un étrange pigeon joue à saute-mouton par-dessus de la frontière entre la vie et la mort, cette même frontière que ne parvient pas à franchir le chasseur Gracchus, tout droit sorti d’un récit inachevé de Kafka. Se mêlent à eux le directeur d’un théâtre de variétés, une acrobate, une amoureuse du chasseur, un dompteur tout droit venu, quant à lui, des Pupilles du tigre, la pièce qui sera lue le lendemain, et même un chœur, à la façon d’une tragédie antique ou d’un opéra. Sans compter un « maître des poupées », auteur d’une importante déclaration liminaire où il apparaît que tout ceci pourrait être également du théâtre de marionnettes.
mise en voix Aurélien Dony
avec Jimony Ekila, François Heuse, Moïse Micin, Lucie Montay, Lauryn Turquin, Laurence Vielle


14.10 à 18h – Il y a des anges qui dansent sur le lac (Lansman, 2009),
Dans une vieille maison au bord d’un lac, un peintre peu renommé, faussaire à ses heures, voit débarquer, après quinze ans d’absence, sa fille aînée, actrice de théâtre en perdition. Habitent aussi dans ce lieu retiré la fille cadette qu’obsède l’idée d’avoir un enfant et un cousin mal aimé. Bientôt, un bonhomme pas très net viendra rejoindre l’actrice, puis c’est un inconnu, jeune encore, qui se joindra à ce petit monde, après qu’on l’aura sauvé de la noyade ; étrangement, cet inconnu est presque le sosie du père de l’artiste au même âge. Entre rêve et réalité va se jouer un étrange ballet, alors que pour le peintre sonne l’heure des bilans, dont celui d’un couple qui a méchamment foiré, tandis qu’à l’instar de celle de La Cerisaie, la maison est en passe d’être vendue.
mise en voix Michael Delaunoy
Avec Laura Fautré, Pierre Haezaert, Stéphane Pirard, Maud Prêtre, Fabrice Rodriguez, Geoffrey Tiquet


14.10 à 20h15 – Les pupilles du tigre, (éditions Didascalies 1986 – épuisé)
Peut-on imaginer fable plus absurde et plus grotesque ? Ses protagonistes attendent le tigre qui doit venir les dévorer. L’un d’eux, un metteur en scène qui a raté l’Hamlet qui devait être son chef-d’œuvre, a convaincu le reste du groupe de transformer l’entrée du tigre, et donc l’instant même de leur mort, en un spectacle parfait. Y parviendront-ils ? A vrai dire, la distribution n’est pas des plus homogènes : une cantatrice obèse et amoureuse du fauve ; son mari, ancien bourreau ; un peintre animalier ; un dompteur qui n’est surtout qu’un fanfaron ; une jeune fille qui rêve d’être une grande actrice…
Ou cette histoire ne serait-elle qu’une grande illusion cauchemardesque ? « Le tigre d’Emond appartient aux épouvantes qui hantent les nuits de l’enfance. (…) Ce sont les terreurs primordiales dont on ne guérit jamais. Nous restons là pantelants, sans bouger. Nous attendons. Quoi ? Qui ? Nous attendons le tigre. » (Paul Willems, dans sa préface à l’édition de la pièce)
mise en voix Michael Delaunoy
Avec Anne-Claire, Michael Delaunoy, Laura Fautré, Pierre Haezaert, Stéphane Pirard, Fabrice Rodriguez, Geoffrey Tiquet

Au commencement – c’est comme dans le Grand Livre ! – il y a des mots. Des mots qui se pressent. Qui cherchent, qui insistent. Qui cherchent un corps à habiter. Qui insistent pour devenir une voix. Oui, c’est cela : des mots qui cherchent un corps et une voix pour pouvoir y faire irruption, pour que la bonde, en n, puisse être lâchée. Car ils ne demandent que ça, les mots : une telle fièvre les pousse ! Depuis si longtemps ! Ces mots-là, manifestement, ont besoin d’être dits… C’est donc toujours comme ça que ça se passe : des mots, des mots, des mots, words, words, words, comme disait l’autre. J’écris pour le théâtre et, pourtant, je ne vois que des mots. Des mots qui peu à peu investissent un corps et une voix. Alors seulement viennent des noms, des lieux. Le reste, je n’en sais rien, ou pas grand-chose. Le reste, c’est l’affaire des comédiens, du metteur en scène, de tous ceux qui vont faire le spectacle, de tous ceux à qui je passerai ces mots-là qui un beau jour – miracle ! – ont trouvé les corps qu’il leur fallait…

Mais si, il y a encore une chose, pourtant, que je sais : plus les mots vont sortir et plus les corps prendront consistance, épaisseur, chair, plus ils construiront de véritables personnages. Qui ne vivront que de ces mots. Des personnages verbophages, en somme. Car ces mots sont leur seule chance. Il faut qu’ils en profitent, il faut qu’ils ne ratent pas leur coup, qu’ils en disent un maximum, qu’ils en disent des tonnes, s’ils le peuvent. Après, plus de théâtre. Après, plus de corps, plus de mots. Après, ni. Et ils ont tant à dire, il y a tant de mots qui pressent …
Paul EMOND – 1999

Biographie

Né en 1944. Vit à Bruxelles, quand il n’est pas «aux abonnés absents», comme on disait à l’époque du seul téléphone fixe.
Côté pile, un lecteur inlassable ; «la littérature est une forme du bonheur», écrit Borges. Côté face, l’auteur d’une dizaine de romans et recueils de récits, d’une vingtaine de pièces et d’autant d’adaptations théâtrales.

Déjà plusieurs de ses romans, comme La Danse du fumiste ou Tête à tête, flirtent avec l’oralité. Il finit d’ailleurs par les adapter pour le théâtre. Certaines suites de courts récits – Les aventures de Mordicus ou Quarante-neuf têtes dans le miroir – se verraient bien portées à la scène, elles aussi ; avis aux amateurs.

Mais le vrai déclic théâtral a été la commande d’une première pièce par Philippe Sireuil, que celui-ci monte en 1986 : Les pupilles du tigre.
«Le jour où j’ai assisté à la première lecture publique de ce texte, le jour où, à quelques mètres devant moi, j’ai vu mes personnages de papier devenir des êtres de chair et d’os, j’ai compris sur-le- champ que plus jamais je ne me séparerais de l’écriture théâtrale.»

Une bonne vingtaine de pièces vont suivre, tantôt montées en Belgique, tantôt en France, parfois aussi en traduction dans d’autres pays ; parmi ces pièces, Malaga, Les îles flottantes, Histoire de l’homme… Éditeur privilégié : Lansman. L’écriture de ces textes originaux s’accompagnera bientôt d’une démarche à la fois semblable et différente, celle des adaptations ; l’amoureux depuis toujours de la littérature transposera pour le théâtre ses grands auteurs de prédilection : Homère, Cervantès, Kafka, Flaubert, entre autres…

De quoi le conduire, au fil des années, à de nombreux compagnonnages artistiques avec des metteurs en scène et des interprètes d’esthétiques parfois très différentes ; une diversité d’expériences qu’il a toujours recherchée et dont il s’est toujours réjoui.
Depuis 2012, il est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

Dates

  • mer. 12/10/22
    18:00
  • mer. 12/10/22
    20:15
  • jeu. 13/10/22
    18:00
  • jeu. 13/10/22
    20:15
  • ven. 14/10/22
    18:00
  • ven. 14/10/22
    20:15

Photos